Participants: Ludo et Virgile
Grands absents: la cime du Tuba et du Corborant .... ben, non en fait
plutot nos amis bourrins (et moins bourrins) qui auraient pas pu venir
Itinéraire:
tracé
Google Earth
sur GoogleMaps
Compte-rendu de la ChamoNice (9-29 août 2008), rédigé par Virgile,
complété et commenté plus personnellement par
Ludo
Voici les questions qu'on nous a posées et auxquelles il vaut mieux répondre avant de présenter un CR détaillé
Q: L'itinéraire vous l'avez trouvé où?
Ludo: on l'a fait nous même, évalué étape par étape sur ce qui me semblait réalisable, en pratique on parcourait souvent plus que ce qui était prévu (j'estimais que 2000m de D+ par jour serait a la limite du surhumain avec nos gros sacs). Ca nous a souvent permis d'éviter les averses en s'arrêtant plus longuement dans les villes ou refuges. Par rapport a notre itinéraire prévu, 2 gros changements: on a raccourci le passage de la Vanoise pour éviter une méchante perturbation, et nous ne sommes pas passés a St Martin Vésubie profitant d'une grosse superette a Isola 2000.
Virgile:J'avoue que c'est surtout Ludo qui s'est occupé de tracer
l'itinéraire, modulo quelques changements que j'ai suggérés (passage par Saint
Nicolas de Véroce et le Mont-Joly, et par Vallouise plutôt que Briançon).
L'idée globale était de passer dans un village assez gros pour avoir une
épicerie tous les 3 jours. À part dans le Mercantour que Ludo connaît bien, il
s'agissait aussi de privilégier les itinéraires indiqués comme balisés sur la
carte. Ce n'est pas une garantie que ça se passera bien sur le terrain, mais
ça améliore quand même les chances.
Q: Vous mangiez quoi?
Ludo: pains au lait le matin, charcuterie-fromage le midi, et soupe + pates/riz/polenta (avec un peu de sauce tomate) les soirs de bivouac. Rajouter à ça 2 ou 3 grignottages bien fournis dans la journée, un paquet de biscuits salés et des pommes ou compotes en dessert et volà. On a profité de nos passages dans des villes pour varier un peu notre régime (fruits frais intransportables, tomates, boites de conserve, ...) mais il était hors de question de transporter ça à dos de bourrin!
Virgile: N'oublions pas le petit carreau de chocolat qui va bien après le dessert. En termes de grignotage, c'était du classique: gâteaux secs (dont beaucoup de Petits-Déjeuners,malgré leur tendance à se réduire en miettes facilement), fruits secs, barres de céréales, pâtes de fruits, et bien sûr crème de marrons Clément Faugier, la seule, l'unique, la vraie, dont les versions grand format ont aussi servi de dessert à l'occasion.
Q: C'etait pas trop dur? / je pensais vous voir revenir tout cassés
Ludo: Ben NON!, mais ça vous verrez ci-dessous, au bout d'un moment on était réglés comme du papier à musique: réveil 6h45, départ avant 8h, pause grignottage vers 10h30, parfois grignottage salé vers 11h30/12h, picnic vers 12h30/13h, pause regrignottage vers 15h ou 16h, plantage de tente si possible vers 18h30/19h, coucher entre 20h et 21h ... GROSSE NUIT! et entre tout ça ben on marchait régulièrement, avec peu d'accélération majeure, parfois poussant un peu le rythme pour pouvoir arriver pas trop tard en ville ou à un refuge, ce qui nous a permis de bien tenir sans trop de casse.
Virgile: C'est vrai, je pensais que ce serait plus compliqué, mais une fois habitués au poids du sac, ça s'est plutôt bien passé.
Q: Y'a bien eu des moments un peu plus dur que les autres quand même?
Virgile: Ben c'est sûr qu'il y a eu quelques passages de stress. Sans anticiper sur le compte-rendu, on peut dire qu'il y a eu deux loose topos dont nous nous serions vraiment bien passés, la première un peu au-dessus de Bozel (Jour 6) et la seconde en descendant de la Tête Rougnouse de la Guercha. Dans les deux cas, les prévisions météos pour la journée n'étaient pas fameuses, et on n'avait donc pas très envie de perdre trop de temps dès le matin. Côté bobos, il y a eu quelques ampoules (Ludo une grosse au début, moi deux après Vallouise et un changement de semelles), qui ont un peu gâché le plaisir par moments. On a aussi un peu pris froid au dessus de Rabuons, mais malgré un peu d'inquiétude, surtout pour Ludo, ça n'a pas dégénéré.
Q: Vos sacs pesaient combien?
Ludo: on a pas mesuré, mais j'estime au départ des villes avec la bouffe pour 2 à 4 jours et 3 à 4 litres d'eau autour de 15 à 17kg. Le mien faisait 9.5kg sans l'eau, le gaz, la nourriture et la tente; cad avec mes affaires et tout le "petit" matériel.
Le texte de Virgile en noir, et les commentaires de Ludo en vert (attention il y a donc 2 premières personnes !!!)
Réveil vers 7h30 au camping des Arolles où nous avons passé la nuit avec les
parents et la sœur de Ludo. La journée s'annonce belle jusqu'au moment où Ludo
essaie de faire chauffer l'eau du thé avec son réchaud, celui qui doit en
principe nous servir ces 3 semaines. Ce dernier refuse obstinément
defonctionner. Heureusement, mon réchaud, celui-là même qui avait été acheté à
Alagna Valsesia il y a 6 ans dans des circonstances à peu près analogues (sauf
qu'à l'époque on avait déjà passé un bivouac sans réchaud - mais avec du bois)
est fidèle au poste et à sa mission de remplaçant. Et du coup, on peut gagner
un peu de poids en n'emportant qu'un réchaud (et en espérant qu'il tiendra).
Après le petit-déjeuner, on replie rapidement la tente
(détrempée, donc on fait sécher la tente extérieure
sur le sac de Ludo en marchant), et vient le moment du départ (9h30).
Nous traversons l'Arve aux Pélerins et
attaquons la modeste première montée du parcours qui nous mène sur
le chemin du Petit Balcon
(dite
"promenade de l'Arve"
sur les panneaux) en direction
des Houches.
Au col nous constatons d'une part que les glaciers du Mont-Blanc sont vraiment rachitiques cette année, et d'autre part que le col est un arrêt du tramway du Mont-Blanc et qu'il y a plein de monde. Du coup, nous décidons d'avancer un peu sur le trajet du tour du Mont-Blanc pour aller manger au calme.
Nous trouvons un coin paisible peu après l'arrêt suivant, à l'embranchement
entre le GR et le chemin qui descend vers Le Champel où nous avons réservé
deux place au gîte pour la première nuit
(vers
Bellevue). Au cours du repas, nous décidons rapidement que cette
première journée serait décidément trop courte si nous ne faisions pas une
petite option l'après-midi. Nous rajoutons donc 350 petits mètres de dénivellé
en passant au Mont Lachat, d'où on
découvre une superbe vue sur le massif du Mont-Blanc et la vallée de Chamonix.
La descente assez raide emprunte en partie le trajet du tramway avant de nous
ramener à notre point de pique-nique.
Après un robuste petit-déjeuner, et un départ plus tôt que la veille (8h10) nous descendons rapidement dans la vallée des Contamines par une large piste bien raide qui nous mène au hameau de la Villette, où nous tournons à gauche pour traverser le Nant juste en-dessous de Saint-Nicolas de Véroce. Commence alors une montée efficace et menée à un rythme soutenu sur Saint-Nicolas, où nous complétons notre cargaison d'eau au pied de l'église. Nous gagnons ensuite le plan de la Croix par un sentier là encore efficace, puis le Déchappieu par une piste un peu plus calme, qui se poursuit jusqu'à la croix du Christ.
A la croix du Christ, nous nous autorisons là une petite pause grignotage,
avant d'attaquer les pentes raides qui mènent au
Mont Joly via le
Mont Géroux, toujours à un rythme bien
soutenu puisque nous arrivons à doubler une proportion notable des marcheurs
qui montent aujourd'hui, malgré des sacs notablement plus lourds. Cependant,
dans les derniers lacets de la montée, des débuts de crampes me suggèrent
qu'il serait sage de boire plus et d'avancer un peu moins vite. Ludo, qui n'a
pas ce genre de problème me prend un peu de poids, et nous achevons la montée
sans histoire.
Après une bonne pause pour contempler le superbe panorama du sommet (Mt
Pourri, Pierra Menta, massif du Mt Blanc, Vanoise, Etendard, Belledone, ...),
nous nous éloignons un peu sur la crête pour pique-niquer dans un endroit à
peu près tranquille vers la Tête de la
Combaz. Nous reprenons ensuite notre parcours de crête via la
Tête du Véleray, où le chemin commence
à se faire plus rocheux et surtout plus aérien. Il le reste jusqu'à la montée
sur l'Aiguille Croche, petit extra
avant de descendre sur le col du Joly.
La descente est raide mais facile, et nous arrivons rapidement au monument
funéraire où nous trouvons une large piste qui nous amène au col du Joly.
Désservi par la route et encombré d'une clientèle bruyante, le
chalet du Joly ne nous donne pas envie de
nous attarder outre mesure, et après avoir écouté les (mauvaises) prévisions
météo pour les deux prochains jours, nous nous éloignons rapidement en
direction du col de la Fenêtre.
Assez rapidement, l'ambiance redevient plus sauvage, puis plus alpine, le
col de Fenêtre se trouvant dans une
crête bien rocailleuse. Le chemin est cependant excellent, et nous montons
sans histoire. Nous descendons ensuite vers le lieu de notre premier bivouac,
que nous pensons effectuer vers les Chalets de
Jovet où la carte montre qu'il doit y avoir du terrain plat.
Auparavant, nous faisons de l'eau pour le bivouac, en utilisant la pompe
filtrante de Ludo qui fonctionne très bien. J'utilise quand même une pastille
de micropur pour ma gourde, vu qu'il m'en reste plein et qu'elles seront
périmées à la fin de l'année. Nous remplissons aussi nos bouteilles
supplémentaires (on a emmené de quoi prendre 1 ou 2
litres supplémentaires chacun à remplir avant le bivouac). Par flemme,
j'attache la mienne en haut de mon sac au lieu de la glisser en sécurité
dedans. Évidemment, ça ne rate pas: en redescendant vers le chemin, une
secousse fait glisser la bouteille, qui se déchire sur un rocher, et se
retrouve bonne àjeter. Heureusement, il me reste le camel-bak de secours
fourni avec mon sac à dos, que je range soigneusement une fois rempli. Arrivés
aux Chalets de Jovet, nous découvrons une belle prairie bien plate, avec un
ruisseau en contrebas pour faire la vaisselle. Bref un très bon lieu de
bivouac.
La météo a prévu un temps maussade aujourd'hui, mais aussi un début de matinée à peu près correct. Nous montons tranquillement au col du Bonhomme sous le soleil et apercevons notre première marmotte. Du col, un sentier de flanc monte en direction du col de la Croix du Bonhomme et de son refuge, à travers les rochers. Les nuages commencent à arriver, mais nous prenons le temps de faire un petit aller-retour à la Tête Nord des Fours (10h45) par le col des Fours où nous jouissons malgré tout d'un beau point de vue sur le Mont-Blanc (Vanoise, Pourri, Etendard et cheval noir, ). Mais nous voyons les nuages sombre approcher!
Petite pause ensuite au refuge avant la descente au
col de la Sauce par la
crête des Gittes, où nous montons au
passage au point culminant. Après un pique-nique un peu en dessous du col de
la Sauce (j'en profite pour essayer de faire sécher
mon duvet ... mais on repart vite car il fait froid), nous descendons
au refuge du Plan de la Lai, où nous prenons
deux places pour la nuit. De toute façon, on a rendez-vous là avec Papy le
lendemain, il ne sert à rien de continuer plus avant.
Comme prévu, il fait gris, et le sol est trempé par la pluie de la nuit, mais
il ne pleut pas vraiment au départ de cette étape, un peu retardé par les 20
minutes de retard de Papy et de son beau-frère Damien, mais il faut bien dire
qu'ils ont déjà bien du mérite à nous rejoindre par ce temps. Nous quittons
comme prévu le Plan de la Lai (8h50) par le
GR5, et montons tranquillement à travers les
alpages jusqu'à découvrir en dessous de nous le lac
de Roselend. Nous finissons par rattraper nos commensaux de la veille,
partis avant nous, et nous nous disons au-revoir, puisque nous quittons peu
après le trajet du GR5 pour continuer vers le col
du Coin.
Auparavant, à l'instigation de Papy, nous nous payons une descente tout schuss
dans l'herbe mouillée à hauteur de l'alpage de
Dunand, afin d'éviter quelques mètres de dénivellé en reprenant le
chemin un peu plus haut qu'en suivant la piste. C'est ensuite la bonne petite
remontée que nous avions emprunté à la descente avec Adrien, Dim et Romain il
y a 6 ans, puis la bifurcation vers le col du Coin. La pente est moins raide,
mais nous compensons par un rythme qui reste intéressant. Le temps est
toujours gris et humide, mais techniquement il ne pleut pas. Un peu après
avoir dépassé le chalet du Coin et attaqué la
montée finale au col, Damien exige et obtient qu'on fasse la pause pique-nique
un peu tôt. Il faut dire que c'est lui qui porte une grande partie de leur
bouffe, Papy ayant besoin de place pour son matériel photo. À l'issue du
repas, Damien décline l'invitation à terminer la montée et préfère entamer la
redescente. Papy, lui, nous suit, et nous arrivons bien vite au col.
Nous nous séparons alors, et tandis que nos deux compagnons d'un jour
retournent au Plan de la Lai, nous nous préparons à passer le col suivant. Une
descente rapide nous amène au refuge de la
Coire, où nous prenons de l'eau puis une piste vers le
Cormet d'Arêche. De là, nous gagnons
par un chemin de crête le col de la Grande
Combe, alors que la pluie nous rattrape, mais sans grande
conséquence pour le moment. De là, nous gagnons sans encombre
le col des Génisses avant de commencer
la longue descente vers Aime, tandis que le temps semble s'améliorer un peu.
La descente s'effectue par de grands chemins bien tracés vers
le Boulissoir, et nous atteignons assez
rapidement le petit hameau de La Pesée, où un
rayon de soleil nous attend. Nous trouvons ensuite facilement le chemin de
descente vers Tessens qui part du Chapieu.
Malheureusement, à une intersection avec une piste qui part à flanc, ce
dernier s'interrompt. Nous nous engageons sur la piste, pensant que la
descente va reprendre assez vite, mais ce n'est pas le cas, et nous nous
retrouvons sur une route goudronnée, assez loin de notre objectif initial,
vers un arboretum. Ludo prend le temps de soigner un peu une méchante ampoule
au pied, après avoir appris d'une automobiliste compatissante que c'est la
faute de ses chaussettes (super info, et tellement sûre). Heureusement, les
pistes de traverse indiquées sur la carte existent bel et bien, et malgré un
balisage là encore sujet à caution, nous arrivons à
Tessens sans avoir perdu trop de temps. En
tout cas, nous sommes encore dans les temps pour faire le ravitaillement à
Aime ce soir. Nous quittons Tessens par la route avant de prendre le chemin
balisé qui évite les lacets de la route... sauf que ce chemin n'a pas l'air
d'exister pour le premier lacet. Grmbl. Heureusement, dans le deuxième lacet,
après une première tentative un peu précipitée, nous finissons par le trouver,
et il nous amène bien à Aime. Ou plutôt dans
un lotissement sur les hauteurs d'Aime. Heureusement, un habitant nous indique
un raccourci piéton pour gagner le centre ville. Tant mieux, car pendant ce
temps il a recommencé à pleuvoir, et cette fois ça a l'air sérieux.
Ludo s'occupe du petit ravitaillement (Bozel n'est pas loin), et nous partons
en quête du bivouac, sous une pluie qui redouble. Ça tombe bien, il faut se
taper un bon kilomètre sur la N90, sillonnée
de camions et pas trop prévue pour le passage des piétons. Probablement le
pire moment de ces trois semaines au final. Cependant, la chance ne nous a pas
complètement abandonné: nous trouvons le départ du chemin vers la passerelle
sur l'Isère (pas grâce aux balises), qui franchit la voie ferrée par un
passage à niveau automatique alors qu'il est à peine carrossable, et nous
remontons sur le Châtelard, puis sur une
piste qui passe sous la ligne à moyenne tension. Nous bivouaquons juste sous
cette ligne, dans un pré bien plat. Il était temps, car nous sommes déjà bien
mouillés. La tente est vite montée, et un poncho nous permet de cuisiner au
sec.
La pluie a cessé pendant la nuit, et il fait même plutôt beau. Ça permettra de
faire sécher la tente dans la matinée en la laissant sur le sac de Ludo. En
attendant, il s'agit de monter sur Longefoy,
(en passant par les Esserts car le chemin direct que
j'avais repéré sur la carte n'existe pas. On ne peut même pas dire que je sois
surpris, Aime est tout simplement la région la plus mal balisée que je
connaisse) où nous prenons de l'eau, puis sur
Montalbert, dépendance de La Plagne.
De là, nous prenons un chemin à flanc vers l'ouest, en direction de
Mongésin, avant de nous retrouver sur un
sentier de découverte botanique, qui serpente beaucoup avant de nous faire
arriver aux chalets de Pralioud, où nous
prenons une piste qui monte le long de la crête vers le plan de la Tigne, où
nous pique-niquons en achevant de faire sécher les affaires de la veille.
Vue la météo que nous avons prise hier soir, plutôt que de faire la crête du
Mont Charvet comme prévu, nous décidons d'aller au plus court vers les refuges
de Vanoise afin de pouvoir basculer vite demain sur Modane où nous laisserons
passer la perturbation. Mais ça fait quand même une grosse journée en
perspective. Histoire de ne pas perdre de temps, la montée commence à peu près
à la sortie du camping. Hélas, le balisage est un peu succinct, et nous nous
retrouvons sur un chemin de flanc à l'ouest de la dent du Villard, qui se perd
plus ou moins à l'approche du hameau de
Montcharvet. Nous rattrapons une piste de
raquettes et VTT, mais elle finit par descendre dans la vallée, alors que nous
voulons monter. Ludo avise alors une trace qui correspond plus ou moins à un
chemin de la carte et semble aller dans la bonne direction... Erreur. La trace
s'interrompt assez vite, et nous galérons une petite demi-heure dans un
sous-bois aux pentes de plus en plus raides, jusqu'à ce que Ludo impose le
demi-tour en raison de l'état du terrain. Pendant que nous rebroussons chemin,
une guêpe vient me piquer à travers ma chaussette. Ce sera notre seule
occasion de tester l'aspivenin, qui s'avère dans ce cas parfaitement efficace:
très vite, je ne sens plus rien.
Nous revenons ensuite rapidement à une intersection montant pleine pente que
nous avions négligé précédemment, faute de balisage: c'est en fait le chemin
vers la cabane du Bec de l'Aigle, comme nous
le confirme une flèche située un peu plus haut. Nous revoici sur de bons
rails, après avoir perdu une heure, que nous aurions mieux employée à faire la
Dent du Villard comme prévu initialement. Mais bon, on ne choisit pas toujours
ce qu'on fait. Le rythme de montée au Bec de l'Aigle permet cependant de
corriger un peu ce retard, et nous nous y accordons une petite pause tout en
découvrant un abri parfaitement entretenu.
Il reste à redescendre vers le lac de la
Rosière, puis à remonter la vallée homonyme, en délaissant un sentier
botanique qui nous rappelle les mauvais souvenirs de la veille. De superbes
cascades agrémentent le vallon, et nous atteignons sans encombre le
Biol, où le chemin quitte la vallée pour
entamer sa remontée vers le col des
Saulces, où nous assistons à un combat de marmottes.
Après un pique-nique au pied du Petit Mont-Blanc, dont nous supposons qu'il doit son nom à ses dalles de rochers blancs, nous poursuivons en direction du col des Mônes, où nous laissons temporairement les sacs pour foncer au sommet du Petit Mont-Blanc, histoire d'impressionner quelques randonneurs qui se trouvent là. Quelques edelweiss accompagnent la montée et on en trouve d'assez beaux au col. Il ne reste plus qu'à redescendre dans la vallée du Doron, aux porte du Parc de la Vanoise, alors que le temps, conformément aux prévisions, se fait plus gris. Le premier refuge où nous pensons pouvoir passer la nuit est au pied du col des Mônes, mais le Roc de la Pêche en plein après-midi (il est 15h15) ressemble plutôt à un café qu'à un refuge. Le temps de remplir les gourdes et nous repartons vers un endroit plus calme, le ciel étant gris mais pas encore trop menaçant. Nous suivons alors le GR55 qui monte calmement mais sûrement vers le refuge de Péclet-Polset, que nous atteignons après une petite pause grignotage juste en-dessous, en même temps qu'un père et son fils qui font un grand tour en Vanoise, et un peu avant la pluie. Ce refuge est très bien agencé et propose de nombreux livres rouges des éditions Guérin, dont la biographie de Patrick Bérhault que je parcours en attendant le dîner. Ces éditions ont l'air de proposer pas mal de bouquins intéressants. Il faudra y voir de plus près à l'occasion, mais pour l'instant nous discutons parcours avec nos compagnons de table en regardant pluie et neige tomber.
Comme prévu, il ne pleut pas en ce matin, mais le temps est très maussade.
Heureusement, il ne nous reste qu'à achever la montée au
col de Chavière, où nous discutons un
peu avec un garde du Parc qui nous a montré un bouquetin dans la montée, et
qui s'avère avoir passé quelque temps dans le Mercantour. Après être monté sur
la petite bosse à l'est du col, où un choucas fait des caprices pour se
laisser photographier, nous croisons au col notre Danois vu la veille au
refuge. Nous suivons plus ou moins fidèlement le GR55 jusqu'à
Modane, en passant quand même par le
vallon d'Orgère, où nous arrivons a priori à
temps pour faire les courses en cette matinée du 15 août (11h30). Par contre,
il n'y a pas d'épicerie sur la grande place. Un plan opportunément placé nous
indique la présence d'un supermarché sur le chemin du camping, sous des nuages
qui s'apprêtent à pleuvoir d'un instant à l'autre.
L'averse commence pendant les courses, et nous gagnons donc le camping sous
une pluie pas trop forte. Sauf que la réception n'ouvre qu'à 17h, et qu'il est
midi... Heureusement, le gérant est chez lui, dans la maison en face de la
réception et il nous permet de nous installer tranquillement en attendant de
venir régler ce soir. Nous montons rapidement la tente et pique-niquons à
l'intérieur.
Après avoir laissé passer une grosse averse (et recousu mes chaussures dont le
dessus était bien percé. Je savais que des chaussures de raid, même
quasi-neuves, allaient souffrir pendant ces trois semaines, mais je suis quand
même déçu de les voir dans un état assez lamentable au bout d'à peine une
semaine. Millet ne signe pas là une grande réussite), nous profitons d'une
accalmie pour aller visiter Modane, avec comme objectif de commencer à écrire
les cartes postales de vacances. Mais Modane-ville est complètement morte:
même le café de la place de la mairie est fermé l'après-midi du 15 août.
Direction donc Modane-gare, alors que la pluie a repris, où là on trouve ce
qu'on veut en matière de café, mais pas de carte. On prend quand même thé et
bière, après avoir repéré une boulangerie aux Fourneaux où prendre le pain
demain matin. Puis nous retournons au camping. Surprise: le marchand de
journaux est finalement ouvert. En fait, il faisait juste une longue pause de
midi. Nous pouvons donc faire une première fournée de cartes postales, même si
le choix n'est pas extraordinaire, de retour au camping.
Il fait beau lorsque nous descendons aux
Fourneaux poster les cartes et acheter du
pain. Nous gagnons ensuite le haut du village, passons sous le viaduc de
l'autoroute du Fréjus, et commençons à remonter le
torrent du Charmaix dans un sous-bois
paisible.
La montée est sans histoire jusqu'aux ouvrages militaires où nous retrouvons
une large piste carrossable et un contingent de randonneurs qui partent comme
nous en direction du col de la Vallée
Étroite, où nous quittons la région Rhône-Alpes et la Savoie pour
PACA et les Hautes-Alpes. De là, nous plongeons dans le
vallon du Peyron et atteignons rapidement son
lac, avant de remonter vers le col des
Méandes en contournant une barre rocheuse. Le col est assez
fréquenté par français et italiens qui montent au
Thabor depuis Névache. Nous y
pique-niquons un peu en retrait avant d'attaquer à notre tour
l'ascension.
La pluie de la veille était ici neige, et quelques névés frais sont là pour le
rappeler, même si le beau temps de la matinée a fait fondre la plupart de ce
qui était tombé, ce qui nous vaut de belles pentes
boueuses. La montée est raide mais pas trop longue, et après avoir
passé la chapelle nous débouchons sur le sommet où nous attend encore une fois
un très beau panorama (Vanoise, Ecrins et Aiguilles
d'Arves, le tout sous un léger saupoudrage de neige fraiche).
Nous entamons ensuite la redescente en visant les traces qu'on voit en
contrebas dans le vallon sud (même s'il a fallu un
peu chercher l'itinéraire au début). Nous arrivons sur un chemin
moyennement bien tracé mais qui reste fidèle au poste à travers les rochers et
les névés occasionnels le long de la crête sud du Thabor, jusqu'à la
Roche du Chardonnet et le
col des Muandes. Surprise, s'il y a
nettement moins de monde que de l'autre côté, nous ne sommes pas seuls
dans ce paysage assez sauvage. En particulier, un petit groupe monte au
Thabor, et nous doublons une randonneuse qui nous confirme que ce matin la
neige était bel et bien au rendez-vous sur ces pentes, et que la trace était
de ce fait nettement plus difficile à suivre. La fonte nous permet de prendre
de l'eau assez haut, avant de descendre vers la Clarée. Nous quittons le GR57
au lac Rond pour passer au
lac Long, et décidons de bivouaquer dans un
coude de la Clarée, sur un terrain
parfaitement plat et pas trop humide malgré la proximité de la rivière.
La journée s'annonce belle, et pas trop fatigante: a priori, il s'agit juste
de rallier le Monêtier-les-bains, où nous prendrions un gîte. Pour l'heure, il
s'agit d'abord de monter au lac et au col des
Béraudes. La montée au lac est encore une fois efficace.
Arrivés là, un couple de randonneurs nous aperçoit, et nous fait signe d'être silencieux: il y a deux bouquetins, un mâle et une femelle, à à peine quelques dizaines de mètres de nous, un peu au dessus. Peu farouches, ils posent un bon moment avant de passer devant nous puis de s'éloigner sur la droite. Nous reprenons alors la montée, suivis par les deux randonneurs, qui suivent le GR57, par un chemin assez escarpé jusqu'au col. De l'autre côté, la descente est également bien aérienne, mais sans réelle difficulté, et nous passons sous la tête de la Cassille pour remonter sur le col du Chardonnet après avoir reperé une marmotte au milieu des cailloux, qui là encore se laisse approcher assez près. Pendant une pause au col, le couple nous dépasse, et nous descendons vers le col de l'Aiguillette avant d'emprunter un chemin de flanc (Chemin du Roy) qui nous conduit au-dessus du Monêtier, que nous atteignons en début d'après-midi, après un repas à 13h sous de petites averses légères.
Nous trouvons facilement le gîte, mais il est vide, et le numéro de téléphone
indiqué ne répond pas. Nous décidons alors de ne pas attendre que le
propriétaire revienne, car si le gîte s'avère complet, nous risquons de
manquer de temps pour trouver un lieu de bivouac acceptable. Le temps de
trouver une fontaine pour faire de l'eau, de constater que le temps est un peu
gris, et nous repartons en direction du col de l'Eychauda par le
GR54 qui remonte le long du
torrent de la Selle.
Il pleuviote un peu par moments, et arrivés aux
Bachas, où arrive un télésiège emprunté en
été par des VTTistes, nous décidons de nous accorder thé et bière au bar à
côté du télésiège pour laisser passer une averse. Ça fonctionne plutôt pas
mal, et nous pouvons remonter encore d'une centaine de mètres et monter la
tente au sec sur un replat un peu au dessus de la piste qui monte au col de
l'Eychauda (2250m). Une petite averse pertubera à peine notre dîner, alors que
nous voyons passer un randonneur qui avait probablement lui aussi repéré ce
point potentiel de bivouac, mais arrive un peu tard...
La nuit (froide et humide) a lavé le ciel, mais le soleil n'est pas encore levé, et il fait relativement frais tandis que nous achevons la montée au col de l'Eychauda: on supporte même les gants. Nous continuons ensuite vers le col de la Cucumelle, sur la crête de Roche Gauthier où nous rejoignons enfin le soleil. Il ne reste plus qu'à monter à la Cucumelle elle-même, pour jouir d'une très belle vue sur les Écrins et l'Oisans (Thabor, Ecrins, Aiguilles d'Arves, ...), avant de revenir à l'Eychauda et d'entamer la descente sur Vallouise. Nous retrouvons bien vite le chemin emprunté cet hiver sous la neige et croisons la foule qui monte au lac de l'Eychauda depuis Chambran, petit hameau qui a plus de charme en hiver, isolé par la neige, qu'en été. La descente le long du torrent de l'Eychauda nous montre qu'on est bien entré dans le sud: la végétation y est plus basse, parfois à la limite de la garrigue. Le chemin vers Vallouise n'offre aucune difficulté, à part un défaut de balisage lorsqu'il faut quitter la piste pour un petit sentier, mais une randonneuse locale nous confirme que c'est la marche à suivre, avant d'ajouter que ça fait bien deux ans que la piste est ouverte et que tout le monde se perd à cet endroit, mais que personne n'a encore jugé utile de rebaliser.
Arrivés au centre du village, nous hésitons à aller à la supérette, et
décidons de continuer comme prévu sur La Casse, où la galerie commerciale
recèle, outre une autre supérette, un magasin de sport. Ludo y cherche en vain
à remplacer sa boucle de ceinture ventrale de sac à dos qui donne des signes
de faiblesse, et j'y trouve des semelles intérieures qui vont pouvoir
compenser la perte d'amorti de mes chaussures. Nous achetons ensuite le
ravitaillement puis traversons la Gyronde en direction de la
maison du Parc des Écrins. Nous quittons
rapidement la route pour une large piste, mais contrairement à ce qui est
indiqué sur la carte, elle ne se décide pas à monter. Après le pique-nique,
nous trouvons néammoins un itinéraire VTT dirigé dans la bonne
direction, et nous nous retrouvons rapidement au hameau des
Alberts, après que le chemin ait contourné
une propriété qui semble avoir quelque peu bouché l'ancien passage de manière
semi-légale. Aux Alberts, une fontaine nous permet de prendre de l'eau, mais
aussi de faire vaisselle et "lessive", ou plutôt rinçage des vêtements. Ça
n'avait pas été fait depuis Modane, et ça commençait à devenir urgent. Juste
avant de repartir, nous remarquons que la fontaine se tarit: au dessus de
nous, des employés de la DDE s'apprêtent manifestement à intervenir sur les
canalisations, nous sommes passés à temps. Nous prenons la route en direction
des Prés, puis un petit chemin qui suit le ruisseau des Prés en dessous du
Prey d'Aval avant de remonter sur le
Prey d'Amont où nous prenons la piste qui
mène au col de la Pousterle. Sur la
piste, une voiture manifestement en panne, et un conducteur qui n'a pas l'air
heureux de ce qu'il entend dans son téléphone portable, il va peut-être avoir
du mal à redescendre à Vallouise en voiture ce soir... Enfin bon, nous
continuons. Le col est bourré de monde en cette belle journée de vacances, et
nous ne nous attardons que le temps d'observer le Pelvoux et la barre des
Écrins.
Toujours sur une piste, nous descendons au torrent
du Fournel que nous franchissons sur une petite route, avant de le
suivre quelques centaines de mètres en descendant sur un chemin étroit.
Ensuite, nouvelle piste qui s'élève un peu et que nous quittons pour un chemin
balisé, mais apparemment peu emprunté, qui
coupe quelques lacets, à travers champs de
ronces et d'orties. Mais quand il revient sur la piste, le balisage
indique de tourner à droite, c'est à dire de descendre! Nous lui faisons un
peu confiance, mais quand la pente de la piste se raidit un peu sans qu'un
sentier de montée n'apparaisse, nous préférons faire demi-tour et prendre la
piste dans le sens de la montée (après avoir essayé,
puis abandonné d'autres traces de balisages toutes contradictoires les unes
avec les autres, mieux vaut essayer de trouver sur la carte où nous
sommes). Nous retrouverons le balisage quelques lacets plus haut, pour
prendre le sentier qui remonte les gorges du torrent
de Crouzet avant de franchir le torrent et de se poursuivre à flanc
jusqu'à la piste du col d'Anon, grande
prairie bien plate où nous plantons la tente.
Pendant le dîner, nous sommes surpris par la recrudescence des mouches,
jusqu'à ce que Ludo, levant la tête, aperçoive 5 chevaux qui se rapprochent
dangereusement de la tente. Si les plus grands n'insistent pas quand on leur
intime l'ordre de déguerpir, l'un des deux plus petits se montre
particulièrement curieux, et il faut se montrer un peu menaçant pour qu'il
condescende à s'éloigner avec le reste du groupe... en laissant les mouches,
grrr.
Pour aujourd'hui, les prévisions météo prévoient un temps se couvrant dans
l'après-midi, avant des pluies le soir, demain devant être beau. Nous avons
donc une option de dormir au gîte de Dormillouse plutôt que d'essayer
d'avancer le plus possible vers Embrun, sachant que nous sommes largement en
avance sur nos prévisions de marche. Nous descendons tranquillement du col
d'Anon par la piste et le GR50/541 jusqu'aux
Aujards, où nous les quittons dans un lacet pour prendre le chemin de
Dormillouse qui reste à flanc, en hauteur par rapport à la vallée
(Dormillouse est indiqué à 5h30 de marche tout de
même, il nous faudra au minimum 3h, ça fout un coup au moral!). Le
balisage n'est pas fameux, et nous tombons rapidement dans un champ. Plutôt
que de faire demi-tour alors que nous ne sommes pas encore trop loin du vrai
sentier, nous continuons à monter à travers champs en espérant retomber
dessus. Mais nous tirons trop à gauche, et il faut se rendre à l'évidence,
nous avons perdu le chemin. Un coup d'œil à la carte nous indique que ce
dernier passe au dessus de la barre rocheuse qui se dessine à notre gauche:
une bonne montée plus ou moins pleine pente finit par nous remettre sur les
bons rails, juste au dessus des Garcines
alors que le temps empire franchement.
La dépression du soir semble nettement en avance, il n'est même pas sûr que
nous puissions arriver secs à Dormillouse. Enfin, nous sommes quand même de
nouveau sur le bon sentier, et cette fois-ci il n'y a pas de problème majeur
pour suivre le balisage. Nous laissons en dessous de nous le village des
Viollins, perdu dans la vallée au milieu de la
forêt et continuons sur un bon chemin de flanc à travers prairies et quelques
petites barres rocheuses. Nous pique-niquons sur les hauteurs de
Dormillouse.
Le temps s'est un peu remis, mais les crêtes sont encore dans les nuages, en
particulier dans la direction où nous sommes censés aller. La réponse à la
question "Est-ce qu'on s'arrête?" est donc moins claire que tout à l'heure: il
y a probablement la place pour passer à peu près sec, même si c'est loin
d'être garanti. Finalement, nous optons pour l'arrêt. Le plafond nuageux est
quand même très bas, et même si on passe, ce sera avec le stress de se trouver
pris dans la pluie et le brouillard vers le col. Reste à voir s'il y a de la
place au gîte. C'est le cas, mais uniquement dans la grande tente à côté, ce
qui n'est pas un problème, même si cela fait hésiter un peu plus Ludo sur la
conduite à tenir. Finalement, nous allons poser nos sacs sous la tente, et
après avoir lu les panneaux indiquant que le temple et l'école attenante, le
gîte actuel, doivent beaucoup au pasteur suisse Félix Neff qui au début du
19ème siècle a beaucoup parcouru ces vallées pour ranimer une foi protestante
mise à mal par la Révolution, nous descendons au parking puis remontons par le
chemin des cascades. Seul village habité de
manière permanente dans le Parc des Écrins, Dormillouse semble être un bon
point de chute pour monter des expéditions dans le sud-est des Écrins, il
faudra creuser la question à l'occasion.
Comme prévu, il fait beau ce matin. Nous prenons le petit-déjeuner en même
temps que les propriétaires du gîte avant de prendre congé. Après une courte
descente en direction du parking, nous obliquons rapidement pour remonter le
torrent des Oules et ses cascades. Nous
débouchons sur une vaste prairie sous le Tuba, que nous quittons rapidement
pour monter vers l'est en direction d'une crête un peu plus rocheuses. Après
avoir passé d'autres cascades, nous débouchons dans un vallon suspendu enserré
entre deux crètes, que nous remontons jusqu'au
col des Terres Blanches, qui se fait
un peu attendre, mais finit par arriver. Nous décidons que le Tuba est un peu
trop loin, et entamons la descente du col le long du torrent de la Bruyère,
dans un paysage assez sévère.
La remontée au col des Tourettes est
également un peu rocheuse, mais le chemin bien tracé, et nous arrivons au col
sans encombre. Une descente rapide, mais qui fait un large détour pour éviter
un pierrier nous amène au torrent du Rabloux
que nous franchissons et descendons un peu pour trouver, à hauteur d'une ferme
et d'un pré où nous pique-niquons, le chemin de montée vers
le col de Reyssas. Le chemin monte
bien, et nous aussi, même si nous ne parvenons pas à rattraper deux
randonneurs que nous suivons de loin pendant une bonne partie de la montée.
Nous les rejoignons au col, où nous bavardons un peu, et l'un d'entre eux nous
suggère de pousser jusqu'au Mont-Guillaume pour descendre tout le torrent Ste
Marthe et arriver sur Embrun.
Cette journée est vraiment superbe, j'aime ces
vallons très sauvages! le col des Tourettes a été litéralement avalé, et après
de petites difficultés digestives dans la demi heure après le repas, je me
suis trouvé en forme olympique! arrivé au col, je n'ai envie que d'une chose:
être à Embrun ce soir pour marquer cette journée d'un petit exploit
...
Comme la journée commence à être un peu longue, nous préférons rester sur le
sentier balisé et descendons le torrent de Reyssas
où de nouvelles cascades nous attendent. Nous rejoignons un chemin de
flanc au Clos l'Herbous qui nous mène au
Clos Bouffier où nous attend le
GR50, que nous suivons jusqu'à une piste où
se situe la dernière montée de la journée, avant une longue portion plate,
puis une descente par une piste de VTT assez pêchue, avant de retrouver le
GR50 sur une piste, puis de finir la descente sur
Embrun par le torrent Ste Marthe. Nous
aboutissons dans un lotissement dont nous extrayons tant bien que mal avant de
trouver le camping des Tourelles.
Une fois n'est pas coutume, nous prenons le temps de faire une grasse matinée (réveil vers 7h45, départ après 9h) puisque de toute façon il nous faut faire des courses et donc attendre que les magasins soient ouverts. Nous arrivons donc à un supermarché sur la N94 peu après 9h, et après un ravitaillement express, nous prenons le pont sur la Durance avant de nous engager sur une plus petite route, puis un chemin qui mène à l'église de Baratier. De là, une piste suit d'un peu haut le torrent des Vachères, avant que nous ne prenions un chemin qui monte pleine pente à côté d'un torrent secondaire. Nous nous permettons une pause au milieu de cette montée particulièrement raide, avant d'atteindre le belvédère de Plat-Aiguille, mais la vue annoncée est un peu décevante: si on voit bien Embrun et l'est de la vallée, le lac de Serre-Ponçon est bien moins visible qu'il ne l'était la veille. De là, une grande piste à peu près plate, dite "la grande rocade", nous mène aux abords de la station des Orres.
Suite aux courses et à la journée de la veille, les
sacs et les jambes sont lourds, le bas de la montée est très dur pour moi,
surtout que je me suis permis le luxe d'acheter raisin et petits gâteaux que
nous mangerons après quelques centaines de mètres de dénivelé. Puis petit à
petit on rentre dans le rythme, tout va mieux, et on mange les raisins, mon
sac s'allège.
Nous tournons alors sur un chemin qui commence par monter fermement (et sur la digestion du pique nique, c'est assez dur!), avant de rester plutôt à plat. Son tracé ne correspond pas complètement à la carte, mais la direction générale est plutôt bonne, donc nous le suivons quand même. En fait, nous sommes sur le chemin parallèlle qui n'est pas balisé et légèrement en dessous du vrai chemin, que nous apercevons effectivement un peu plus haut à l'occasion d'une traversée de champ. Le temps de monter dessus et de faire quelques dizaines de mètres, nous nous apercevons qu'il est interrompu par un éboulement au passage d'un ruisseau. Il faut se résoudre à ce que nous avions voulu éviter: descendre sur la piste en contrebas et rejoindre celle qui mène des Orres au lac Ste Marguerite (bonus: 100m de dénivelé). À mi-montée, nous bifurquons vers la source de Jérusalem, située sur notre chemin original, mais juste de l'autre côté de l'éboulement, dans l'espoir de prendre de l'eau, mais une des sources est entièrement captée et l'autre est une résurgence qui sort au milieu d'une paroi et est donc peu accessible. Nous rejoignons donc bredouille le chemin de montée au lac Ste Marguerite et filtrons de l'eau des sources qui parsèment le vallon de l'Eissalette juste sous le lac. Bien chargés en eau, nous avons un peu de mal à doubler les promeneurs dans la dernière montée vers le lac, où nous arrivons relativement tôt. Mais après la journée d'hier, un peu de farniente avant de monter la tente pour attendre le départ des derniers groupes ne fait pas de mal.
Aujourd'hui j'ai vraiment remarqué qu'il y avait une limite au poids du sac que je pouvais supporter: par deux fois (à la sortie d'Embrun et après le plein d'eau) je me suis senti scotché au sol, alors que Virgile me lâche, je monte au mental et prends mon mal en patience; pourtant il me suffit de perdre un petit kilogramme et je caracole en tête et fais la course avec les randonneurs légers.
En arrivant au lac j'avais envisagé de monter au col
de l'Ane, peut être sans les sacs, mais suite a nos quelques looses et comme
Virgile avait l'air autant fatigué que moi, nous attendons et nous reposons au
lac, ça fait du bien aussi!
Quelques baigneurs intrépides font une ou deux brasses. Pendant ce temps, un
troupeau de moutons, conduit par une bergère à cheval se rapproche du lac pour
boire. Ils restent à l'autre bout du lac par rapport à nous, mais deux patous
se détachent pour venir quémander aux touristes de la nourriture. S'ils n'ont
aucun succès auprès de nous malgré des yeux de chat botté dans Shrek, d'autres
groupes les nourrissent largement, jusqu'à ce qu'ils se fassent rappeler à
l'ordre d'un aboiement impérieux du chef patou et regagnent le troupeau qui
s'éloigne maintenant en remontant vers la crête opposée. Il commence à être
temps de planter la tente, et nous trouvons un terrain plat et abrité du vent
juste en dessous du lac.
Pendant que je suis l'itinéraire que nous avions repéré de loin (et qui effrayait un peu Virgile car cela avait l'air d'une grosse remontée de pierrier), Virgile part au dessus de moi; je le regarde un peu: il doit savoir ce qu'il fait il est plus à l'aise que moi dans ce terrain; moi je vais continuer sur l'itinéraire prévu et ça va bien se passer! Pendant me remontée de pierrier (qui se passe étonnement bien, seulement quelques pierres roulent) j'entends Virgile pester et se plaindre je le regarde et ai l'impression qu'il est en mauvaise posture, je reste un peu là à regarder et me poser des questions; mais il n'y a rien à faire, je ferais mieux de monter sur la crête: Virgile connaît son affaire ... mais à sa place je descendrais de quelques mètres. Finalement je monte en essayant de me concentrer sur mes pas; ça se passe vite et bien, et je ne vois plus Virgile, mais au moins il ne peste plus! J'atteins la crête assez facilement , puis attends quelques minutes qui me semblent très longues: j'espère qu'il n'a pas de soucis et qu'il a juste choisi un itinéraire plus long ... mais je suis soulagé de voir arriver Virgile me disant qu'il est tout de même satisfait de son itinéraire; on ne doit pas avoir les mêmes critères ...
La crête elle-même est rocheuse, mais sans réelle difficulté, d'autant plus
que des traces de sentier la ponctue régulièrement aux points un peu délicats.
Nous gravissons donc sans souci la tête de l'Aupet
avant de continuer un long parcours de crête jusqu'au
col des Orres, d'où nous descendons sur le
"sentier horizontal", long sentier de flanc
pas si horizontal que ça que nous suivons jusqu'à son terme, malgré quelques
vaches sur le passage au début.
Je redoutais un peu cette crête qui me faisait envie, mais je craignais d'y
avoir peur, avec le gros sac et mon apréhension pour le vide; au final ça se
passe bien, il y a certes quelques passages que j'ai trouvé difficiles, mais
globalement il n'y a pas eu trop de soucis, les difficultés se contournent
facilement; il faut aussi dire que nos sacs se sont allégés depuis hier!
On arrive après une longue traversée au bout de ce sentier: la cabane ONF de Belmont. C'est là que commence la descente sur Jausiers, ponctuée cependant d'une belle petite remontée au passage du ruisseau des Sanières. Nous arrivons sur les hauteurs de Jausiers, mais Ludo déniche un chemin de descente direct sur le centre ville via le petit oratoire qui surmonte le village, et nous arrivons sur la place où se trouve un petit marché aux saveurs. Le temps d'aller installer la tente au camping situé à proximité, et d'y prendre une douche, et nous retournons sur place, pour acheter saucissons aux figues et au beaufort, ainsi qu'un énorme pain au sésame, qui durera en fait jusqu'à la fin de la rando, et quelques pâtisseries à base de miel, figues, amandes et noix. Nous complétons les provisions à la supérette du coin, allons les poser au camping et revenons en centre ville pour une opération bière et cartes postales qui nous permet d'atteindre tranquillement l'heure du dîner. Nous constatons alors que nos voisins hollandais sont partis pour faire un barbecue. Nous craignons le pire pour la nuit, mais tout se passe en fait très bien.
La journée a été un peu éprouvante, mais ça s'est assez bien passé les quelques averses de l'après-midi ne nous ont pas vraiment gênés. La descente a fait ressortir les douleurs aux pieds, mais vu que l'on s'est posés au camping à 15h, on a le temps de bien récupérer. Je suis content de notre avancée, et je profite du camping pour recharger un peu mon téléphone et appeler plein de monde. Finalement ça se passe bien, ce n'est pas si dur que ça et je suis certain qu'on arrivera en avance, même si je ne sais pas encore de combien de temps.
Au réveil, le ciel est très couvert, mais cela ne
m'inquiète pas trop et ça se dégage vite; une dure journée nous attend: je
veux atteindre le vallon de Salso Moreno, voire les lacs au dessus; je suis
même convaincu que nous irons peut être plus loin .... atteindre le dernier
lac sous le pas de Morgon aujourd'hui serait bien!
Nous quittons Jausiers par la route du col de la Bonnette, "la plus haute
route d'Europe" (même si ce titre n'est obtenu qu'en faisant monter la route
au-dessus du col), annoncé pour les cyclistes courageux à 24km de montée.
C'est aussi la route qui pénètre dans les Alpes-Maritimes et file sur Nice,
dont nous trouvons pour la première fois mention sur un panneau indicateur: un
peu plus de 140km si on suit la route. Nous la quittons cependant assez vite à
hauteur des Bellarots pour prendre une piste
moins fréquentée. Nous reprenons la route au niveau du
hameau des Buissons, avant de la quitter
définitivement à Lans, joli petit hameau
perché, puis on monte aux Gréoux. Là, une bonne piste en sous-bois un peu
monotone nous amène rapidement au lac des
Sagnes où nous contemplons le reflet de la Tour des Sagnes et des
autres montagnes, avant de prendre un petit chemin à travers la tourbière à
l'est du lac.
Cette approche du lac nous a demandé de marcher très
vite: le chemin était très long et très monotone, si nous n'accélérons pas il
y a de quoi y passer la journée et se déprimer à ne pas avoir avancé, pourtant
mon sac me semble lourd; j'essaye de changer sa position ... j'ai un peu mal
au dos et je ne suis pas bien, mais bon il faut avancer alors on change encore
le serrage du sac, raccroche cette #@#@$# boucle de ceinture et je force le
pas comme si de rien était ... c'est la bonne tactique: ça va mieux et on
avance bien.
Après une courte montée, nous débouchons dans le vallon de Pelouse, belle prairie sauvage coincée entre la Tour et la montagne de Pelouse où paissent quelques chevaux. Au milieu du vallon, nous apercevons la marque d'entrée dans le Parc du Mercantour: Ludo commence à arriver en terrain archi-connu. La montée se fait tranquillement, jusqu'au raidillon final vers le col de Pelouse, notre point d'entrée dans les Alpes-Maritimes: il ne reste plus qu'à traverser tout le département et nous serons arrivés.
Du col, nous dominons la descente du col de la Bonnette, où nombre de cyclistes passent à la montée comme à la descente pendant notre pique-nique. Ensuite, il s'agit de monter sur la crête jusqu'à la cime de Pelousette et son fort en ruine(à la cime, un peu de mo
nde et une superbe vue: Ubaye, Hte Tinée, Mounier, Trou de l'Ane, ...). De là,
une ex-route militaire nous redescend au col des fourches, juste au-dessus du
camp homonyme d'où partent les randonneurs qui montent à la cime de
Pelousette.
Devant nous s'étale le Salso Moreno et son étrange paysage de dolines ocres.
C'est le moment de rejoindre le GR5 pour quelques centaines de mètres... mais
dans le sens Sud-Nord. Nous le quittons cependant bien vite pour prendre plein
est à travers le Salso Moreno une montée faite de court ressauts raides et de
replats. Nous passons aux lacs de Morgon, où nous marquons une pause avant
d'attaquer la montée finale du Pas de
Morgon, menée là encore à un rythme soutenu.
Quand on arrive aux lacs, il est 16h tout de même. Encore une fois on arrive au bivouac prévu pour le goûter, on décide donc de pousser jusqu'aux lacs de Vens.
Ludo préfère en effet passer la nuit un peu en hauteur plutôt que près des lacs de Vens, dont il sait que les rives sont un lieu de bivouac assez fréquenté, surtout un week-end d'août. Avec des sacs pleins d'eau, nous sommes assez enclins à nous arrêter au premier replat convenable. De toute façon, la rocaille classique des crêtes du Mercantour commence peu après, il ne sert à rien d'aller trop haut. Nous attendons tranquillement 19h au soleil, avant de planter la tente. Juste après surgit un groupe de 6 personnes, dont certaines manifestement très déçues de devoir chercher un autre emplacement plus haut.
Encore une belle et grosse journée avec des sacs bien chargés, heureusement nous avons beaucoup bu ce qui a tellement allégé nos sacs que nous avons fini nos gourdes juste avant la dernière descente ... on a failli manquer d'eau.
Il a fait très froid cette nuit, et nous l'avons senti malgré les duvets et la tente. Nous en avons confirmation en faisant le petit-déjeuner: l'eau qui restait dans les assiettes après la vaisselle a gelé pendant la nuit, les soudant l'une à l'autre. Nous partons d'ailleurs en collant et polaire, d'autant plus que dans ce vallon étroit, le soleil n'est pas encore levé.
L'itinéraire de la brèche Borgognio a été débalisé, pour des raisons confuses, mais le chemin existe toujours à travers le pierrier, et est jalonné de cairns. Il faut quand même faire attention à prendre à droite au bon moment pour ne pas se retrouver au pas de Vens, après avoir admiré quelques chamois, trop lointains pour qu'on puisse les photographier (d'autant plus que le chamois est notablement plus farouche que le bouquetin, et n'attend en général pas que vous sortiez votre appareil photo). La montée finale dans les cailloux est assez rude mais courte, et nous débouchons au pluviomètre de la brèche, qui mérite bien son nom: c'est une toute petite déchirure dans la crête.
La descente s'effectue bien entendu aussi dans les rochers, guidée par quelques cairns. Par contre, nous sommes sur un versant sud, et il commence à faire plus chaud, nous pouvons repasser en short (la polaire ayant été abandonnée dans la montée). Après une petite discussion avec des randonneurs qui montent pour les aider à déterminer le meilleur itinéraire possible de monter (il faut semble-t-il passer plus à gauche (en montant) de la brèche que nous ne l'avons fait), nous poursuivons la descente vers les lacs de Ténibre et les lacs Varicles (oui, je sais c'est un peu bas et cette petite erreur nous vaudra un petit 100m de dénivelé supplémentaire ... bonus encore) pour contourner les barres rocheuses qui protègent la montée au Ténibre. Je ne me sens pas super en forme au début de la montée, et comme j'en fais part à Ludo, il me signale que lui non plus.
En ce qui me concerne, à mesure que les calories ingérées lors de la pause aux lacs passent dans le sang, ça va de mieux en mieux, et la montée un peu technique (d'autant plus que nous ne sommes pas toujours sur l'itinéraire officiel et qu'il faut donc parfois se farcir quelques vires un peu scabreuses) se passe assez bien. Par mesure de précaution, nous micro-purifions toute notre eau une fois arrivé au sommet du Ténibre, même s'il est nettement plus probable que c'est le froid de la nuit plutôt que l'eau du refuge qui nous a un peu entamé.
Difficile de monter avec un gros sac et des nausées,
mais heureusement après 15 jours, la marche est devenue une habitude, et en se
forçant à un rythme un peu plus faible qu'à notre habitude, ça monte tout
seul, et finalement ça va un peu mieux, à croire que la marche est devenu
notre remède à tous les maux (aidée un peu par la nourriture tout de même
...).
La redescente commence par une mini loose topo, mais Ludo connaît suffisamment bien le terrain pour réagir à temps. Nous nous retrouvons rapidement dans le bon vallon de descente, où nous croisons deux italiens à qui nous indiquons l'itinéraire de retour en Italie via le Ténibre, et arrivons sans encombre, par le pas de Rabuons, au-dessus du grand lac du Cimon, où nous pique-niquons à l'ombre d'un gros rocher. Nous nous dirigeons ensuite vers la rive est du lac de Rabuons, d'où nous entamons bientôt la montée vers le pas du Corborant, encore une fois au milieu d'un gros pierrier. Il commence à faire froid, venteux et le ciel se couvre; je croyais qu'on était dans le sud en août! Une fois au pas, nous décidons qu'il ne fait pas assez beau pour monter au Corborant lui-même et basculons directement en Italie.
Comme Pascal nous a signalé que lui et Valérie avaient eu un peu de mal à monter le pas par ce versant, nous appréhendons un peu la descente, sur les lacs de Lausfer, mais après un début de descente droit sur les lacs à travers le pierrier (150m de denivelé en pierriers instable, raide et donc peu commode), j'aperçois une trace qui prend très à gauche du pierrier mais semble ensuite repiquer vers les lacs. Je convainc Ludo d'aller y voir de plus près, et nous tombons sur un bon sentier qui nous emmène tranquillement à bon port.
Il ne reste plus qu'à descendre vers le vallon de
Barbacane, puis à commencer la remontée sur le chemin du pas de
Barbacane. Nous trouvons assez vite un replat herbeux au milieu d'un grand
champ de cailloux, et comme Ludo n'est toujours pas bien, nous ne perdons pas
trop de temps à chercher le bivouac idéal. Une petite sieste plus tard, ça va
mieux, mais nous prenons la précaution de nous coucher plus chaudement
habillés que la veille.
Il fait très froid cet après midi et je ne me suis
pas trop remis de mes problèmes d'estomac; toute la journée j'ai quand même eu
une forme respectable, avec même un grand mieux dans la montée au pas du
Corborant, mais sous les lacs du Lausfer patatras, je suis vidé, je ne me sens
pas bien, en arrivant au bivouac, je n'ai que 2 envies: mettre tous mes
vêtements et dormir dans la tente! Je n'écrirai pas de compte rendu ce soir
... ce qui me rassure c'est que Virgile me dit qu'il fait froid, je suis peut
être malade mais pas tant que ça, espérons que ça soit passé demain; le repas
chaud est quand même très réconfortant, et je passe une nuit correcte: je sais
maintenant comment m'habiller pour avoir chaud dans mon duvet (une veste
très légère suffit en général, mais la polaire peut être utile si il se met à
geler). Il fait très froid la nuit aussi mais il ne gèle pas.
La nuit a été fraîche, moins quand même que la précédente, et nous partons une nouvelle fois un peu couverts. Nous commençons à monter sur le chemin du pas de Barbacane, en essayant de deviner sur notre gauche le départ du chemin vers le vallon et le col de la Seccia. Nous voyons bien une bonne trace sur le flanc de la crête, mais rien pour y arriver. Nous décidons d'aller y voir de plus près à travers le pierrier et aboutissons aux restes bien conservés d'une route militaire qui arrive probablement du pas de Barbacane lui-même ou de pas loin en dessous.
Nous la prenons en direction du nord-est et commençons le contournement des
crêtes de la Tête Cimon et de la Cime de Colle Longue. À la fin de la première
montée, un couple de bouquetin nous barre un moment le passage, surtout le
mâle, aux cornes impressionantes, qui attend que sa femelle soit hors de
danger avant de consentir à libérer le chemin en quelques sauts dédaigneux.
Nous arrivons à un premier petit col, d'où nous gagnons une première
caserne mussolinienne sur une antécime de
Colle Longue.
Nous repassons alors brièvement la frontière au
col de la Sèche pour longer les
lacs de Colle Longue avant de revenir en
Italie sous le pas de Colle Longue devant une nouvelle caserne. De là, il
s'agit de descendre un peu la route d'accès avant de prendre un sentier balisé
en direction du col de la Guercha.
Rapidement, le sentier se fait assez aérien, sans offrir de difficulté
technique réelle. Nous nous offrons une pause au col avant une rude mais
courte montée au pas du Bœuf. De là, nous gagnons
la Tête Rougnouse de la Guercha par la crête
frontalière.
Cette partie en Italie est assez éprouvante pour
moi: les sentiers sont relativement bien tracés mais un poil aériens à mon
gout! En faisant attention, même moi je passe bien, mais cela me demande pas
mal de concentration, et je ne peux pas aller bien vite. Heureusement, après
m'avoir un peu embêtés le matin, mes petits soucis de santé de la veille se
dissipent. De plus les sentiers aériens où je ralentis Virgile ne font qu'une
petite partie de l'itinéraire et je peux pleinement m'exprimer sur les
pierriers et pistes, globalement on avance donc quand même vite
jusqu'ici.
C'est alors que nous commettons la pire loose topo de ces trois semaines: en descendant de la cime, au lieu de prendre rapidement à gauche dans le vallon du Saboulé, nous suivons des traces sur le flanc droit de la montagne. Nous nous apercevons de notre erreur en voyant les lacs de Lausfer, dont une vallée profonde nous sépare. Nous repartons sur la crête de la cime de Prals, en espérant pouvoir descendre dans le vallon le plus tôt possible, mais cela ne donne pas les résultats escomptés, et, le terrain se faisant de plus en plus escarpé, après quelques passages de vires, Ludo suggère de redescendre à nos traces de l'aller pour repartir sur de meilleures bases.
Nous descendons chacun dans un creux différent, et à la sortie... plus de
Ludo, qui était un peu devant et ne répond pas à mes appels. Ça commence à
sentir mauvais, d'autant plus qu'évidemment pendant ce temps la météo se
dégrade bien, laissant présager l'arrivée des orages prévus pour l'après-midi.
Je décide de remonter en direction de la crête pour avoir une meilleure vue
d'ensemble de la situation quand en me retournant, je vois Ludo qui arrive sur
le chemin: il a pris plus de temps pour descendre, et, masqué par une barre
rocheuse, ne m'a pas entendu. Une fois regroupé, nous faisons un rapide point
topo, et le gros cairn qu'on aperçoit non loin de nous sur la crête semble
être le point où il faut basculer dans le vallon.
Nous gagnons donc le cairn pour constater que si sur le côté opposé du vallon
on voit bien une trace qui mène aux lacs du
Lausfer, il n'y a en revanche rien de notre côté. La pente n'est
toutefois pas trop forte, et nous commençons à descendre dans le vallon en
direction des traces. Après quelques tâtonnements, nous finissons par tomber
sur le vrai chemin, mais toujours sans voir comment il continue vers la Tête
de la Guercha. Par contre, nous constatons que durant notre retour, nous avons
abandonné la crête trop vite: une trace descend en lacets serrés de la cime de
Prals, et nous aurait évité de revenir trop en arrière. Au bilan, nous n'avons
perdu qu'une bonne heure, mais nous nous serions bien épargnés cette phase de
stress.
Le pique-nique apporte un certain réconfort, et nous repartons à un rythme soutenu pour essayer d'atteindre Isola 2000 avant l'orage. Nous passons donc rapidement le col du Saboule et les lacs du Lausfer, où quelques randonneurs s'étonnent de notre vitesse, avant de repasser une dernière fois la frontière au col du Lausfer. De là nous progressons jusqu'au pas de Ste Anne où il nous faut redescendre jusqu'au lac du col de Ste Anne, toujours par une route militaire, où nous retrouvons l'itinéraire de la GTA emprunté en 99 avec Adrien et Romain.
Il s'agit de remonter sur la crête pour suivre la frontière jusqu'au col de la
Lombarde.
Cette loose aura eu un seul avantage: elle nous aura
assez énervés l'un et l'autre; assez pour nous donner une forme d'enfer après
le repas, où on repart à un rythme costaud, on en profite aussi pour doubler
des randonneurs qui trainaient par là. Tout s'annonce à nouveau mieux:
il ne nous reste plus qu'une remontée puis une longue crête avant d'atteindre
le col de la Lombarde, on devrait quand même atteindre Isola en fin d'après
midi; c'est à ce moment là que les premiers coups de tonnerre se font
entendre. Si la pluie ne m'inquiète pas, je n'aime pas trop les orages tout de
même, surtout si on est sur une crête. Pour essayer d'éviter le pire des
éclairs, je vais essayer d'imprimer un rythme un peu plus élevé, mais Virgile
proteste en prétendant que quand même trop vite, c'est trop vite.
C'est en arrivant sur la crête que la pluie nous rattrape. Fort heureusement, l'orage ne se rapproche pas trop, et si nous nous mouillons un peu, cela reste supportable avec gore-tex, sursac et poncho pour assurer l'étanchéité de la tente.
La pluie s'arrête lorsque nous arrivons en vue du col de la Lombarde, où nous empruntons la route, refaite à neuf pour le tour de France, avant d'emprunter le sentier qui descend vers Isola 2000 en évitant les lacets. Ce sentier passe normalement devant un gîte, mais ce dernier est archi fermé. C'est dommage, car le premier orage n'a pas vraiment lavé le ciel. Nous descendons sur Isola 2000 par la piste, puis un petit sentier, et arrivons à la galerie commerciale où un gigantesque Sherpa nous attend. C'est une bonne nouvelle, puisque ça implique qu'il n'y aura pas besoin de faire le détour par St Martin Vésubie pour faire un dernier ravitaillement.
Du coup, Ludo prévoit une arrivée avec un jour d'avance, et nous faisons les courses en conséquence. Ensuite, nous observons la suite des évènements dans un sympathique bar, où nous remplissons également nos gourdes. Comme une timide éclaircie se dessine, nous prenons une deuxième bière en espérant que cela ira en s'améliorant. Hélas, c'est le contraire qui se produit, et nous partons assez vite en direction des pistes pour trouver un lieu de bivouac convenable. Au passage, nous constatons que le refuge est tout aussi fermé que le gîte. La station a encore du progrès à faire pour accueillir correctement les randonneurs.
Compte-tenu du poids des sacs (nous avons prévu un gros dîner comme après chaque ravitaillement, et nous avons en prime 3 jours de nourriture), et du fait qu'il commence à pleuvoir plus sérieusement qu'en début d'après-midi, nous choisissons un creux qui nous abrite des chalets d'Isola, un peu au-dessus du torrent. Le terrain est en pente et caillouteux, mais au moins nous arrivons à dresser la tente juste avant que le gros de l'orage nous tombe dessus.
Nous occupons le temps en téléphonant à droite à gauche pour informer de
l'avancée, et Ludo confie en particulier à Fabien la mission de signaler aux
Sophipolitains que le programme pourrait bien être décalé d'un jour, ce que
nous confirmerons le cas échéant lorsque ce sera sûr. Les multiples coups de
fil ont permis de laisser passer le pire de l'orage, et si nous commençons à
faire cuire le dîner sous un poncho, la pluie s'arrête pendant que nous
mangeons, et nous nous couchons sous un ciel clair.
C'est tout de même incroyable tout ce qui se passe
en une journée, la distance parcourue, les paysages vus, mais aussi les
aventures on va de loose, en orage, en passage de grande forme où les mètres
de dénivelé défilent ... tout marche à un rythme différent, les échelles de
temps, de distance de dénivelé changent; quand je pense au peu que j'arrive à
faire en une journée de boulot .... Par contre la nuit sera elle froide et
humide; en un mot mauvaise, pour moi en tous cas! Je pars quand même optimiste
au matin et aimerais bien ateindre la Gordolasque aujourd'hui, mais je sais
que c'est un peu ambitieux.
Nous repartons de bon matin sous un beau ciel bleu. Par l'arrière de la station, en particulier de curieuses terrasses desservies par un chemin goudronné et qui sont peut-être une tentative avortée de camping, et une piste de ski bien raide, nous gagnons la piste qui monte au col Mercière, juste au-dessus d'Isola 2000. Delà, il s'agit de basculer dans le vallon de Mollières, que le soleil commence à éclairer.
Peu après le col, une surprise nous attend: un petit troupeau de mouflons se presse un peu en contrebas de nous. Quelque chose semble vraiment les attirer là, car ils s'en écartent à peine lorsque nous approchons, et reviennent au même endroit dès que nous sommes passés. Nous n'avons pas pu déterminer ce qui pouvait intéresser un mouflon à ce point (il y a de l'herbe et de l'eau partout autour), mais ça nous a permis de faire de belles photos.
La descente se poursuit, et nous atteignons bientôt le sous-bois et le
ruisseau. Nous atteignons une piste un peu plus large, puis, au lieu de
descendre sur Mollières, obliquons à gauche sur le grand chemin à flanc qui
mène, en montant légèrement, vers le col de Salèse.
Nous y surprenons quelques chamois un peu plus haut que nous dans la pente,
mais en dehors de ça, il s'agit surtout d'un chemin qui n'en finit pas, obligé
qu'il est de serpenter à travers tous les petits vallons qu'il rencontre sur
son passage. Certains ruisseaux profitent d'ailleurs de l'orage d'hier pour
déborder sur le chemin...
Nous finissons cependant par arriver sur le pont du vallon principal, au pied du dernier ressaut vers le col de Sallèse où nous nous accordons une pause et passons en short. C'est là que nous quittons l'itinéraire original vers St Martin Vésubie par le lac des Adus pour descendre dans le vallon de Sallèse. Nous allons faire la plus grande partie du trajet d'aujourd'hui sans carte, mais Ludo connaît la région par cœur.
Pour l'heure, Le GR52 descend au plus près du ruisseau, dans un sous-bois très agréable. Ludo repère quand même un peu au dessus de nous la célèbre source de Chardole, réputée particulièrement pure, et nous y faisons le plein d'eau. Nous parvenons ensuite rapidement au parking d'entrée (de sortie pour nous) dans le parc du Mercantour, et prenons la route qui longe la frontière du parc. Nice est indiquée sur les bornes kilométriques, mais encore à 75km.
Il y a un bon bout de route, heureusement pas trop fréquentée à faire, ce qui
est effectué à un rythme soutenu pour ne pas trop s'y ennuyer. Toujours sur le
GR52, nous commençons ensuite à remonter la vallée du Boréon. Le départ autour
du gîte d'étape du Boréon est bien raide,
avant un parcours à flanc, jusqu'à hauteur des vacheries du Boréon. Ensuite,
on recommence à monter rapidement, sur un chemin où on n'a pas abusé du
balisage mais qui reste relativement facile à suivre. De toute façon,
l'itinéraire est simple: on remonte le ruisseau, agrémenté de jolies cascades.
C'est un peu au-dessus de l'une d'elles que nous pique-niquons, sur un bon
replat herbeux et ombragé, peu avant la passerelle et l'embranchement vers le
lac de Trécolpas.
Le lac lui-même offre un petit replat bienvenu avant d'entamer la montée
finale au pas des ladres, sur un
terrain caillouteux mais avec un chemin bien tracé. Ludo respire un peu:
l'orage ne nous a pas encore rejoint, nous allons pouvoir descendre
tranquillement vers le refuge de la Madonne de
Fenestre, et de là faire un point sur la situation météo. Le point se
fait en fait plus ou moins dans la descente: s'il y a pas mal de nuages, le
risque d'orage n'est pas énorme, et il est tôt. De plus, si nous réussissons à
passer un col de plus aujourd'hui, le pari de gagner un jour en évitant
St-Martin sera définitivement gagné.
Plus la journée avance, plus le ciel se couvre, ... et plus le rythme de
marche s'accélère! On arrive à la Madonne de Fenestre à 15h; je suis un peu
hésitant: les nuages n'ont pas l'air très gentils et on a déjà fait une bonne
journée. Ca me plairait bien cependant de passer ce dernier col, mais je
préfère laisser Virgile décider; je suis un peu surpris de sa réponse: il
n'hésite pas et décide à continuer ... pas de problème, on fait le plein
d'énergie et c'est reparti
La descente expédiée, malgré une cheville gauche qui m'inquiète un peu, nous ne nous arrêtons donc à la Madonne de Fenestre que le temps de grignoter quelques gâteaux et de faire de l'eau. Ensuite, nous traversons la Vésubie naissante pour commencer à remonter le vallon du Ponset, alors que la plupart des randonneurs en descendent et nous souhaitent bon courage. La montée est en effet une fois de plus raide, mais finalement assez courte, composée de trois ressauts entrecoupés d'épisodes plus plats permettant de se reposer. Pendant cette montée, nous tombons sur une famille de chamois, qui cette fois-ci est assez près pour être prise en photo.
La baisse des 5 lacs est atteinte, en même temps
que le ciel commence à se dégager nettement. Nous contournons ensuite les
lacs de Prals avant de découvrir un chemin de
flanc qui nous évite de trop redescendre avant d'arriver sur le chemin de la
baisse de Prals. Il reste une dernière petite
montée (toujours raide) à effectuer avant d'arriver à la baisse. C'est là que
nous rejoignons l'itinéraire de base, avec officiellement un jour d'avance sur
le temps de passage prévu, un bivouac étant prévu à la baisse même.
Cependant, nous préférons nous payer le luxe de descendre dans le vallon de la Gordolasque, par un chemin là encore efficace, ce qui ne plaît toujours pas à ma cheville. Nous atteignons la route, que nous remontons sur un bon kilomètre, avant d'atteindre le gîte du relais des Merveilles, où il reste des places disponibles dans le dortoir.
Dortoir d'ailleurs très confortable, comme l'ensemble du gîte du reste, qui fournit également une très bonne cuisine. Une carte en relief permet d'apprécier la distance parcourue depuis Isola 2000, pour ce qui est une des plus longues étapes du trajet.
Mais ça valait le coup. Désormais, il ne peut plus arriver grand'chose d'ici
Levens, on tient le bon bout. En attendant, ça fait du bien de prendre une
bonne douche et de se poser un peu.
En effet, je crois que ça y est on ne craint plus
rien, Virgile redoute encore un peu la montée au pas du Trem, mais moi je suis
confiant. Surtout après la performance de cette dernière montée+descente à la
baisse de Prals: on est vraiment allés très vite! Ca bourrinait, et c'était
même pas trop dur, on s'est juste interrompus pour une ou deux très courtes
pauses. Certes j'ai un peu souffert dans la descente pour essayer de suivre le
même rythme de Virgile, mais c'était tellement court que ça n'a pas été un
problème. Pour le rythme de la montée je plaide coupable, mais Virgile suivait
alors je continuais! Dire que j'avais peur d'arriver au gîte un peu tard pour
demander le repas, au bilan nous sommes même arrivés avant 18h. Aujourd'hui
encore plus que les autres jours, j'ai passé mon temps dans les montées à
penser aux amis, au point de les imaginer comme si ils étaient là; j'imagine
déjà les prochaines randos, je crois que j'en aurai jamais assez. J'imagine
certains qui me diraient dans la dernière descente "Ludo, là quand même tu te
fais mal! pourquoi?", je ne sais pas ce que j'aurais répondu, peut être pour
le plaisir d'avaler cette descente et pour le plaisir de me poser au gîte ...
et puis c'est tellement bon de bourriner! Cette étape était vraiment au coeur
de mon terrain de jeu habituel, et les nombreux souvenirs attachés à ces lieux
étaient aussi l occasion de me rappeler les amis avec qui j'ai randonné
ici, avec une mention particulière pour le grand raid du mercantour (de 2005),
dont nous avons suivi le parours pendant une vingtaine de km
aujourd'hui.
Nous sommes parmi les premiers levés. Pendant que je finis de me préparer avant le petit-déjeuner, Ludo discute avec une membre du groupe qui passe quelques jours au gîte, et glisse dans la conversation que nous sommes partis d'Isola 2000 hier, ce qui provoque son petit effet.
Après avoir mangé et payé, nous nous dirigeons vers la passerelle sous le gîte, où nous espérons trouver le sentier de la Cime du Diable. Je ne l'ai fait qu'une fois à la descente, dans la neige, sans qu'on suive vraiment de trace, à part tout en bas, mais Ludo est confiant dans l'existence d'un chemin. Il a raison, car un sentier monte résolument à travers bois et prairies. Au début de la montée, je me rappelle à temps qu'il faut souhaiter un bon anniversaire à Ludo, dont l'âge ne tient désormais plus sur 5 bits. En chemin, nous croisons deux personnes, qui ont dû passer la nuit en bivouac, avant de déboucher sur un grand replat herbeux où paissent de magnifiques chevaux noirs.
À partir de là, la montée vers le pas du
Trem se fait dans un pierrier, avec quelques cairns. Il faut a
priori rester assez à gauche si on veut profiter au maximum d'un chemin, mais
on peut faire sa trace à travers les cailloux sans problème majeur. Le col
offre une belle vue sur les lacs de la vallée des Merveilles et les sommets
alentours, dont le Clapier et le Gélas. La montée vers la
Cime du Diable est très raide mais courte et bien
tracée. Au milieu, une plaque commémore le premier mort français des combats
de 1940 dans les Alpes. Du sommet, on découvre un très beau panorama sur le
Mercantour, mais aussi sur la côte, et on aperçoit la baie des Anges au loin.
Ça se rapproche vraiment.
Dès le début, la montée emprunte un bon chemin et on rentre dans le rythme. Cette montée a eté exceptionnelle pour moi: tout va bien, en fait je pense au début à ce compte rendu et à ce que je vais raconter au retour puis je pense à beaucoup d'amis, surtout à ceux auxquels je n'ai pas pensé jusqu'à présent, aux anciens amis que je n'ai pas vus depuis longtemps. Du coup, la tête dans mes pensées, j'avance! J'avance même vite, sans trop penser à vérifier si Virgile suit toujours. En général c'est le cas mais une fois ou deux je dois m'arrêter pour l'attendre: il a dû s'arrêter, mais pris dans mes pensées je ne m'en suis pas rendu compte. C'est donc sans avoir l'impression d'avoir vraiment forcé que j'arrive dans le pierrier final du pas du Trem, et les derniers raidillons de la Cime du Diable, mais à ce moment là il ne reste presque plus rien. Et quel plaisir de fêter son anniversaire en haut de la cime du Diable, avec une belle vue sur le Mercantour, surtout en compagnie de tout ce monde (tout au moins en pensées ...).
Nous venons en fait d'achever la dernière grosse montée (dans les 1000 mètres) de la randonnée. On ne va certes pas faire que descendre, mais les remontées qui restent ne devraient plus excéder 500 mètres consécutifs, et encore. Pour l'heure, après une pause grignotage, nous descendons la crête Sud de la Cime du Diable en direction de la Baisse Cavaline, où nous retrouvons le GR 52, et du col de Raus.
La descente s'achève à la Baisse de St Véran, où
nous attaquons la montée vers l'Authion au
milieu d'anciennes fortifications. La grande piste à la pente régulière où
nous marchons se prête bien à un rythme soutenu, et nous atteignons rapidement
la crête de l'Authion, où la proximité de la route se manifeste par un nombre
important de personnes. Un tout petit détour par la
Pointe des Trois Communes nous permet de voir
l'ancien fort qui commandait la vallée, et de se renseigner sur son histoire
fort ancienne de point stratégique.
Nous partons ensuite par la crête Ouest, pour pique-niquer à l'ombre des sapins. Ludo téléphone à Sémi pour confirmer que nous serons bien chez lui avec un jour d'avance. Au vu de notre position, Sémi essaie de nous convaincre que nous pouvons même arriver ce soir, mais nous déclinons l'invitation. Après le repas, le chemin continue sur la crête en direction de la baisse de Camp d'Argent. De là, il faut prendre la route sur une petite centaine de mètres, avant de trouver en contrebas le chemin de flanc qui descend sur le col de Turini.
Au col, nous voyons un nouveau poteau indiquant Nice à 70km, puis, quelques
mètres plus loin, à 35km par une route plus directe. En attendant, il s'agit
de prendre le GR52A, qui emprunte une piste
qui monte pleine pente avant de contourner la Cime de la Calmette. En
descendant vers la Baisse de la
Calmette, nous croisons un couple de randonneurs assez agés et bien
chargés qui font le GR52. Après avoir échangé quelques mots, nous poursuivons
la descente sur la piste jusqu'à la Baisse de
Peïra-Cava, puis le hameau du même nom. Nous espérions y prendre un
raffraîchissement avant de décider d'un point de bivouac, mais les cafés
existants ne nous donnent pas vraiment envie de nous arrêter, et nous nous
contentons d'aller faire de l'eau à une fontaine que Ludo avait repéré lors
d'un tour à vélo en juillet. Ça nous prend un peu de temps, car une colonie de
vacances arrive juste avant nous, et tous les gamins veulent boire.Nous en
profitons pour grignoter quelques gâteaux en essayant d'identifier un possible
point bivouac, mais il faut se rendre à l'évidence: il va falloir encore
marcher un bon peu avant de trouver quelques chose de correct. Les réserves
d'eau refaites, nous faisons demi-tour pour aller prendre le chemin qui monte
sur la crête au Sud du hameau. Le sentier suit la crête, puis arrivé à un
vaste replat où débouche une route s'interrompt plus ou moins. La carte nous
indique qu'il faut continuer vers le pylône tout proche, où nous retrouvons
sentier et balisage.
L'après midi (de la pointe des 3 communes à la cime de Rocaillon surtout)
consiste principalement en un enchainement de montées raides et de descentes
cool et agréables; ce genre de terrain me plait bien, on avance encore une
fois plus vite que prévu et décidons de bivouaquer juste avant la Rocassierra.
Juste après Peira Cava (j'ai peut être un peu fait le clown), ma hanche
commence à me faire mal, très vite cela devient très douloureux, je pense au
poids et à la position du sac, je le replace mais ça fait encore mal. Virgile
me propose gentiment d'alléger mon sac mais craignant que ça ne fasse rien je
préfère avancer pour atteindre le bivouac au plus vite.
Nous arrivons ensuite à la Baisse de la Cabanette, d'où nous remontons vers la Cime de Rocaillon (c'est court, mais c'est vraiment raide!). La côte est de plus en plus visible. Par contre, le chemin se perd dans la descente de la cime, mais nous retombons dessus après quelques mètres de descente pleine pente. Après avoir traversé la route, nous nous retrouvons sur une piste d'exploitation d'une coupe récente, qui a un peu mis à mal le début du sentier balisé. Après quelques tâtonnements, nous trouvons néanmoins la descente en sous-bois qu'il faut emprunter.
Après nous avoir fait faire le tour de la montagne, le sentier se décide à nous mener au Col de Porte, où nous tombons sur le GR510, qui emprunte une large piste en faux-plat. Nous quittons assez vite le GR pour monter vers la Cime de Plan Ribert, à un endroit qui a manifestement souffert de l'incendie il y a quelques saisons. La pente se fait plus raide, d'autant plus que la journée commence à être longue, et il n'y a pas de replat en vue pour poser la tente...
Heureusement, le paysage change brusquement quand on débouche sur la crête
principale de la Cime. Un vaste replat tapissé de paille et ombragé par des
mélèzes s'offre à nous et constitue un excellent lieu de bivouac, le dernier
de la randonnée. J'en profite pour recoudre une dernière fois mes chaussures.
Grand luxe par rapport aux journées précédentes, comme il fait beau et que
nous sommes nettement plus bas, la température est très convenable, et nous
pouvons donc prendre nos aises pour dîner plutôt que de nous enfermer le plus
vite possible dans la tente.
Voilà, encore un jour bourrin mais c'est pour la
bonne cause: il ne nous reste plus que deux petites étapes à parcourir.
Espérons que ma hanche ira mieux demain, mais bon de toutes façons je tiendrai
jusqu'à Nice, je me connais, cela ne fait aucun doute.
La journée ne s'annonce pas trop chargée, mais nous démarrons comme d'habitude. Du col de Lobe, une première petite montée nous amène au pied de la Cime de Roccassièrra, dont les rochers donnent un petit goût alpin au chemin, même si ça n'a rien à voir avec les cimes du Mercantour. Nous rencontrons quelques moutons sur le chemin juste sous le sommet.
Bonne nouvelle: ma hanche va mieux, elle me fait
encore mal, mais la douleur vive est devenue grosse gêne (la gêne/petite
douleur durera 3 semaines quand même). Mais en effet, l'habitude est là et le
rythme est élevé (c'est encore moi qui suis devant). La journée est belle et
agréable pour l'instant.
Le chemin continue ensuite sur la crête, par le col de l'Autaret jusqu'aux ruines de Rocca Sparvièra, joli petit hameau abandonné. Nous descendons à la chapelle et au col St Michel par un chemin quasiment taillé dans la roche, avant de retomber sur un terrain moins rocailleux. Une portion de piste en faux-plat montant nous attend alors, avant de déboucher sur la crête du Férion, après avoir traversé un troupeau de chèvres.
Le chemin se met alors à monter pleine pente, coupant un lacet de la piste, où
nous croisons les bergers, puis continuant en ligne droite sans trop se poser
de questions. Heureusement, ça ne dure pas très longtemps, et nous arrivons au
pied du poste d'observation contre les incendies qui se trouve au
sommet du Férion.
Comme nous nous apprêtons à repartir après une petite pause grignotage, nous apercevons les gardes de permanence, qui nous proposent de partager leur petit-déjeuner (ce que nous déclinons, nous avons déjà bien mangé), et de monter dans la salle d'observation proprement dite. La vue, sur la côte comme sur le Mercantour, y est vraiment extraordinaire.
Du Férion, on pourrait redescendre directement sur Levens, mais ça nous ferait
arriver vraiment trop tôt. Ludo propose donc de suivre la crête vers le Sud.
Nous passons par une seconde chapelle
St-Michel, et continuons vers le col de
Rosa. De là, nous quittons la crête pour prendre le sentier qui se dirige
vers le col du Travail, par un chemin qui descend
tranquillement. Après le col se situe une dernière petite remontée en plein
soleil, où nous découvrons tous les deux que nos camel bags sont vides.
Il fait chaud et on manque d'eau, cette descente est
moins agréable que dans mes souvenirs, mais il est quand même à peine midi
quand nous arrivons chez Sémi et Véro ...
Fort heureusement, ce n'est pas très grave, car quelques minutes plus tard nous arrivons à la route, et juste après chez Sémi et Véro. L'accueil est parfait comme toujours, mais nous découvrons que Sémi s'est cassé le coude le week-end d'avant à VTT et en a a priori pour 3 semaines de plâtre, ce qui n'est pas sans poser problème pour l'organisation de la maison.
L'après-midi n'est pas particulièrement actif, mais au moment du dîner,
(demi-)surprise: Fabien, Nico D., Évelyne, et Rémi débarquent pour fêter
l'anniversaire de Ludo au cours d'un très bon et très copieux repas. Et dire
qu'il va falloir se lever demain pour achever définitivement le parcours...
Oui, ça fait du bien de revoir tout ce monde, ça
fait plaisir, plus encore la présence des amis que le superbe cadeau et le
repas délicieux préparé par Véro. Espérons que ça nous donnnera le courage de
se lever tôt demain: le changement de rythme est brutal car au lieu de se
coucher autour de 21h, on se retrouve au lit après minuit ....
Nous avons définitivement trop mangé hier soir, en particulier du succulent gâteau au chocolat confectionné par Véro et Marjane, mais nous sommes quand même à peu près prêt à effectuer ce dernier tronçon, d'autant plus qu'il ne présente pas de difficulté, à part peut-être un peu de distance. Nous partons en même temps que Véro, mais elle n'est pas en vacances.
Suivant les indication données par Sémi la veille, nous descendons vers la départementale et traversons le grand pré à côté du terrain de foot pour retrouver le GR5, que nous allons suivre presque toute la journée. Le sentier fait quelques détours à travers les collines, mais finit par nous amener à Ste Claire, où il prend la route sur un bon moment, jusqu'au col de Rocca Partida. Il s'engage alors sur la crête du Mont Cima. Le GR proprement dit prétend éviter la cime, mais nous faisons le (petit) détour, pour découvrir encore une fois une splendide vue sur le Mercantour, et sur Nice, maintenant toute proche. Nous retrouvons le GR de l'autre côté du mont et descendons sur Aspremont. Ce village est un lieu d'intersection de GR, mais les balises ne l'indiquent pas vraiment. Heureusement, Ludo surveille la carte de très près et nous remet dans le droit chemin.
Suivant là encore les conseils de Sémi, nous quittons une nouvelle fois le GR
pour monter en direction de la baisse de Guigo.
Heureusement qu'il s'agit de la dernière montée de la journée, car il commence
vraiment à faire chaud. Une fois à la baisse, nous prenons la petite route qui
mène au Mont Chauve d'Aspremont et à son grand
fort, maintenant propriété des scouts et guides de France. Mais si nous avons
une belle vue sur Nice, il n'y a pas vraiment moyen de contourner le fort pour
aller voir les montagnes.
Nous n'insistons pas vraiment et entamons la redescente sur la crête de Graus, qui doit nous mener directement sur Nice. Nous récupérons rapidement le GR, et le parcours de crête peut commencer. Le paysage est très différent de ces derniers jours. C'est maintenant de la garrigue classique. Nous pique-niquons une dernière fois juste avant de terminer la descente vers la route et les faubourgs de Nice.
La suite promet d'être complètement inintéressante, mais il faut quand même achever le trajet. Nous ratons une balise du GR et prenons trop à gauche, pour déboucher sur la route au niveau des Giaïnes. Nous prenons la route à droite et tombons sur le carrefour où le GR file sur Gairaut avant de passer l'autoroute sur une passerelle. Nous passons alors à proximité du stade, avant de tomber sur l'itinéraire du tramway, que nous suivons jusqu'à la gare.
Ça y est, la ChamoNice est terminée. Bien sûr, nous sommes très contents
d'être arrivé jusque là, avec même un jour d'avance sur le plan prévu, mais ça
fait un peu bizarre de se dire que tout ça est maintenant derrière nous et
qu'il va falloir reprendre une activité normale.
Eh oui, c'est déjà fini: on est contents d'arriver à la fin de notre périple,
c'est un bel exploit et de superbes souvenirs! Mais que cela va être dur de
retourner au boulot Lundi. La dernière journée n'a pas été la plus facile: la
traversée de Nice n'est pas agréable (c'est la ville), mais elle est assez
courte en arrivant du Mont Chauve (1h pour atteindre la Gare depuis le début
des habitations); mais surtout il fait une chaleur intenable, heureusement que
cela ne monte plus. Quand même la demie heure dans la gare a été très dure. Il
faisait meilleur dans nos montagnes, le retour à la civilisations est
difficile. J'ai un petit regret et me demande si la montagne parcourue n'était
pas plus mon univers que celui que l'on retrouve ici ...
En attendant, nous prenons des billets pour revenir à Antibes, et décidons de ne prendre que le second train, ce qui nous donne le temps d'aller jusqu'à la mer, et surtout de déguster de succulentes et copieuses (mais un peu chères) glaces chez un glacier de la Promenade des Anglais, en bordure de la zone piétonne.
À Antibes, nous passons voir Pascal, Valérie, et leurs enfants, qui viennent juste de rentrer, et nous faisons un petit tour dans le vieil Antibes en discutant de nos vacances respectives. Ensuite, il est temps de prendre le bus pour Sophia. Ce dernier ne passe pas à l'INRIA, où Ludo a laissé sa voiture, et ce dernier se débrouille pour qu'on prenne un itinéraire qui conclura définitivement la rando par une montée (de 30 mètres, certes).
À l'INRIA, un petit gag nous attend: la batterie de Ludo n'a pas apprécié d'être abandonnée aussi longtemps, et il faut un peu pousser pour faire démarrer la voiture. Heureusement, après un petit tour de Sophia, la batterie est suffisamment rechargée.
Après avoir pris une douche et enfilé des vêtements propres (Ludo me prête un t-shirt pour l'occasion), nous pouvons donc aller fêter la fin définitive de la ChamoNice avec Nico D., Max et Carine dans une pizzéria de Pont-du-Loup.
En ce qui me concerne, il me reste encore à rallier (en train, pas à pied) Lyon. Ce sera fait le samedi, malgré un "incident voyageur" en gare de Juan les Pins, qui rend mon trajet Antibes-Marseille en TER particulièrement inconfortable, le train étant rapidement bondé. Heureusement, la SNCF a fait en sorte que les correspondances TGV attendent à Marseille, et le reste du voyage se passe très bien.